jeudi 10 juin 2010

L'idéologie "Facebook" ou l'avènement d'un nouveau fascisme




Espionnage, propagande, licenciements, manifestations monstres, rejet de l'intelligence... Depuis maintenant quelques mois, le système "facebook", jusqu'alors inoffensif, a pris une toute autre dimension, effrayante et irréversible, dans la vie des Occidentaux.

Basée aux Etats-Unis, l'entreprise privée la plus rentable du monde, est prête à tout pour attirer les individus dans un monde virtuel où les valeurs fondatrices des démocraties libérales sont constamment perverties : encourageant au conformisme contres la dignité des libertés de conscience et d'expression, elle est symptomatique d'une époque où la prétendue liberté s'assimile au caprice, et où tout ce qui est "vendeur" est acceptable, de la pire stupidité à la plus grande grossièreté.

En affichant comme slogan que chacun a le droit de dire ce qu'il veut, "Facebook", apparemment dans son droit, ne défend pas la démocratie en tant que système politique le plus digne qui soit. Pire, "Facebook" invente le démocratisme, idéologie qui mêle un relâchement généralisé des consciences et l'anarchie la plus complète, le "djeunisme" et l'attitude "cool", un relativisme exacerbé et la mystique, propre au néo-libéralisme (décidement entré dans les moeurs), du laissez-faire, transposée du plan économique au plan intellectuel et moral.

Le démocratisme, c'est-à-dire le populisme new age, la permissivité élevée au statut de dogme, qui tue l'idée même de contestation. De même que l'on ne transgresse que les interdits, de même "Facebook", en autorisant tout et n'importe quoi, est un outil au service du système conformiste et bien-pensant, ce qui signifie un allié de luxe pour le système capitaliste et aliénant qui est le nôtre, où les loisirs et le divertissement composent l'essentiel du temps que les hommes ne passent pas à travailler.




Si "Facebook" était demeuré dans le cadre du divertissement, la situation ne serait pas aussi grave qu'elle l'est aujourd'hui. Mais du fait de la confusion entre données publiques et données privées, savamment entretenue par ses dirigeants afin de favoriser la publicité "à la carte", délations en tous genres, propagandes politiques et réunions monstres entre inconnus se sont multipliées, faisant de ce monde virtuel une seconde "société", de plus en plus influente sur la société réelle.

Plus de 10 000 personnes se sont réunies à Nantes, sans motif précis, dans la nuit du 12 ou 13 mai derniers, ce qui a entraîné, à juste titre, la mobilisation très importante des forces de sécurité. Malheureusement, la mort d'un homme n'a pu être évitée, et ce n'est qu'un début. Déjà, les groupes politiques, aux objectifs plus ou moins avouables et aux méthodes néo-fascistes, pullulent sur le "réseau social" et s'apprêtent à organiser également des manifestations de force et d'intimidation. Cet enrôlement des consciences, facilité par la nature de la technique moderne, dont Heidegger a montré le mode de fonctionnement dans La Question de la Technique, ne laisse pas de nous inquiéter, d'autant plus que nous vivons un temps où les grands idéaux politiques des siècles et des décennies passés, tels que le socialisme, la volonté de justice sociale ou le cosmopolitisme sont peu à peu réduits à néant au bénéfice d'une triste alternance entre droite conservatrice-populiste et gauche social-démocrate, dont Messieurs Strauss-Kahn, Blair et autres Schröder sont les grands architectes.



A la place de ces idéaux, nous avons "Facebook" et le démocratisme. Eh bien, je le dis comme je l'entends, le démocratisme, c'est la voie royale du fascisme.



En s'érigeant en réseau unique, intellectuellement vide et structurellement indifférencié, comme l'Allemagne nazie ne comptait qu'un parti strictement hiérarchisé, en renouvelant le phénomène des corporations avec ces "groupes" socialement et professionnellement définis, "Facebook" n'obéit qu'à un homme : son "Führer", c'est M. Dollar.

Sa méthode, c'est l'abrutissement généralisé des masses et la destruction de tout esprit critique (ce qu'avait prévu George Orwell dans 1984), car la propagande publicitaire, qui fait vivre le réseau, n'est possible que par l'ignorance de ceux qui en sont les victimes consentantes.

Son but, c'est l'enrichissement et la gloire de quelques uns aux dépens de la majorité, trait commun aux trois grands totalitarismes du XXème siècle : le fascisme italien, le nazisme allemand et le communisme soviétique. Et si on ajoute à cela l'esprit de délation qui y règne, avec ces affaires scabreuses de licenciements (certains internautes qui ont critiqué leur entreprise sont en effet dénoncés par de sinistres individus), on se retrouve avec horreur au coeur des "années sombres" qu'a connues la France sous le régime de Vichy...




"Facebook" ne vient pas par hasard. Depuis plusieurs années, les mouvements de masse, en partie disparus après la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale, font de nouveau apparition. Stades de football remplis, conformisme dérangeant à la radio et à la télévision, folie des soldes, etc, sont autant de signes de l'affaiblissement généralisé des consciences occidentales.

A l'ère des masses, encore caractérisée par la défense didées politiques, aussi nauséabondes fussent-elles, a succédé l'ère des "individus-masse" (néologisme que nous avons créé dans un article publié à la fin du mois de février). S'il n'est pas ici nécessaire d'analyser précisément ce phénomène sociologique, que nous décrirons dans un prochain article, il importe dès maintenant de voir le danger porté par ce nouveau fascisme, plus dangereux encore que le précédent. Si peu de voix, en effet, s'élèvent pour le dénoncer...

Contre la résignation apparente des intellectuels, il convient de retrouver, au-delà de tous les conformismes, l'esprit de Résistance.