jeudi 10 juin 2010

L'idéologie "Facebook" ou l'avènement d'un nouveau fascisme




Espionnage, propagande, licenciements, manifestations monstres, rejet de l'intelligence... Depuis maintenant quelques mois, le système "facebook", jusqu'alors inoffensif, a pris une toute autre dimension, effrayante et irréversible, dans la vie des Occidentaux.

Basée aux Etats-Unis, l'entreprise privée la plus rentable du monde, est prête à tout pour attirer les individus dans un monde virtuel où les valeurs fondatrices des démocraties libérales sont constamment perverties : encourageant au conformisme contres la dignité des libertés de conscience et d'expression, elle est symptomatique d'une époque où la prétendue liberté s'assimile au caprice, et où tout ce qui est "vendeur" est acceptable, de la pire stupidité à la plus grande grossièreté.

En affichant comme slogan que chacun a le droit de dire ce qu'il veut, "Facebook", apparemment dans son droit, ne défend pas la démocratie en tant que système politique le plus digne qui soit. Pire, "Facebook" invente le démocratisme, idéologie qui mêle un relâchement généralisé des consciences et l'anarchie la plus complète, le "djeunisme" et l'attitude "cool", un relativisme exacerbé et la mystique, propre au néo-libéralisme (décidement entré dans les moeurs), du laissez-faire, transposée du plan économique au plan intellectuel et moral.

Le démocratisme, c'est-à-dire le populisme new age, la permissivité élevée au statut de dogme, qui tue l'idée même de contestation. De même que l'on ne transgresse que les interdits, de même "Facebook", en autorisant tout et n'importe quoi, est un outil au service du système conformiste et bien-pensant, ce qui signifie un allié de luxe pour le système capitaliste et aliénant qui est le nôtre, où les loisirs et le divertissement composent l'essentiel du temps que les hommes ne passent pas à travailler.




Si "Facebook" était demeuré dans le cadre du divertissement, la situation ne serait pas aussi grave qu'elle l'est aujourd'hui. Mais du fait de la confusion entre données publiques et données privées, savamment entretenue par ses dirigeants afin de favoriser la publicité "à la carte", délations en tous genres, propagandes politiques et réunions monstres entre inconnus se sont multipliées, faisant de ce monde virtuel une seconde "société", de plus en plus influente sur la société réelle.

Plus de 10 000 personnes se sont réunies à Nantes, sans motif précis, dans la nuit du 12 ou 13 mai derniers, ce qui a entraîné, à juste titre, la mobilisation très importante des forces de sécurité. Malheureusement, la mort d'un homme n'a pu être évitée, et ce n'est qu'un début. Déjà, les groupes politiques, aux objectifs plus ou moins avouables et aux méthodes néo-fascistes, pullulent sur le "réseau social" et s'apprêtent à organiser également des manifestations de force et d'intimidation. Cet enrôlement des consciences, facilité par la nature de la technique moderne, dont Heidegger a montré le mode de fonctionnement dans La Question de la Technique, ne laisse pas de nous inquiéter, d'autant plus que nous vivons un temps où les grands idéaux politiques des siècles et des décennies passés, tels que le socialisme, la volonté de justice sociale ou le cosmopolitisme sont peu à peu réduits à néant au bénéfice d'une triste alternance entre droite conservatrice-populiste et gauche social-démocrate, dont Messieurs Strauss-Kahn, Blair et autres Schröder sont les grands architectes.



A la place de ces idéaux, nous avons "Facebook" et le démocratisme. Eh bien, je le dis comme je l'entends, le démocratisme, c'est la voie royale du fascisme.



En s'érigeant en réseau unique, intellectuellement vide et structurellement indifférencié, comme l'Allemagne nazie ne comptait qu'un parti strictement hiérarchisé, en renouvelant le phénomène des corporations avec ces "groupes" socialement et professionnellement définis, "Facebook" n'obéit qu'à un homme : son "Führer", c'est M. Dollar.

Sa méthode, c'est l'abrutissement généralisé des masses et la destruction de tout esprit critique (ce qu'avait prévu George Orwell dans 1984), car la propagande publicitaire, qui fait vivre le réseau, n'est possible que par l'ignorance de ceux qui en sont les victimes consentantes.

Son but, c'est l'enrichissement et la gloire de quelques uns aux dépens de la majorité, trait commun aux trois grands totalitarismes du XXème siècle : le fascisme italien, le nazisme allemand et le communisme soviétique. Et si on ajoute à cela l'esprit de délation qui y règne, avec ces affaires scabreuses de licenciements (certains internautes qui ont critiqué leur entreprise sont en effet dénoncés par de sinistres individus), on se retrouve avec horreur au coeur des "années sombres" qu'a connues la France sous le régime de Vichy...




"Facebook" ne vient pas par hasard. Depuis plusieurs années, les mouvements de masse, en partie disparus après la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale, font de nouveau apparition. Stades de football remplis, conformisme dérangeant à la radio et à la télévision, folie des soldes, etc, sont autant de signes de l'affaiblissement généralisé des consciences occidentales.

A l'ère des masses, encore caractérisée par la défense didées politiques, aussi nauséabondes fussent-elles, a succédé l'ère des "individus-masse" (néologisme que nous avons créé dans un article publié à la fin du mois de février). S'il n'est pas ici nécessaire d'analyser précisément ce phénomène sociologique, que nous décrirons dans un prochain article, il importe dès maintenant de voir le danger porté par ce nouveau fascisme, plus dangereux encore que le précédent. Si peu de voix, en effet, s'élèvent pour le dénoncer...

Contre la résignation apparente des intellectuels, il convient de retrouver, au-delà de tous les conformismes, l'esprit de Résistance.




mercredi 17 mars 2010

Sur la reprise de mes articles sur d'autres sites

Parallèlement, je souligne que la reprise calamiteuse d'un certain nombre de mes articles sur d'autres sites est une chose que je dénonce. Ils y sont soit cités par morceaux (et ainsi privés de leur sens), soit coupés de leur contexte historique, soit trafiqués (c'est le cas de l'ignoble plateforme "Toutsaufsarkozy.com", qui ne fait que propager la haine de l'autre, et qui a repris en les transformant d'une façon scandaleuse des fragments de l'article dont il est question ci-dessous).
Cela est d'autant plus lamentable qu'il est ensuite presque impossible d'empêcher la parution de ces textes, et qu'il faut alors que le véritable auteur assume des propos qui lui sont tout à fait étrangers. Je le dis clairement : je n'ai aucun rapport avec ces sites, et je considère ce qui y est dit comme des choses totalement étrangères à ma pensée.
De même, j'affirme que les attaques de l'extrême droite, des racistes de tous bords et des catholiques intégristes et antirépublicains ne me dérangent pas le moins du monde : elles sont au contraire le signe du bien-fondé d'une réflexion qui répugne à tous les extrémistes et fascistes de France.
Mes articles originaux sont accessibles ici : http://www.agoravox.fr/auteur/florentin-gastard
J'y dénonce notamment la politique populiste et démagogique du président iranien ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, mais tout autant la manipulation outrancière orchestrée par l'Occident bien-pensant, dont il faut tout de même rappeler qu'il est largement responsable, par son implantation financière, par son passé colonial, par sa rhétorique nationaliste, des désordres qui font aujourd'hui le malheur du Moyen-Orient.
Aussi ne faut-il pas rester aveugles, ni devant les dérives du régime iranien, ni devant la politique post-colonialiste de l'Europe et des Etats-Unis, en rappelant que l'Iran reste le quatrième producteur mondial de pétrole...
J'y dénonce également la résurgence, depuis quelques mois, de ce flot d'idées nationalistes et réactionnaires, dans notre propre pays (cf le fameux débat...), qui nous ramène aux pires années de l'histoire de l'Occident. J'ai mis en avant des idées multiculturalistes contre la politique de la tradition et de "l'ancrage national et historique", apanage d'une droite qui se tourne de plus en plus vers son extrême...

Précisions sur un article défendant la laïcité publié il y a quelques mois

J'ai publié récemment un article polémique qui a pu soulever l'indignation d'une partie des catholiques ultratraditionalistes, prompts à accuser de "laïcisme de combat" tous les citoyens qui entendent défendre la laïcité de l'Etat.
J'y proposais l'interdiction du voile catholique et des vêtements ressortissant aux ordres religieux du clergé régulier dans les lieux publics. Il ne s'agit nullement d'une obsession anticatholique mais bien plutôt d'un souci égalitaire dans le traitement de la religion par l'Etat (après la probable interdiction des burqas dans une loi bienvenue, qui devrait bientôt être votée).

Favoriser une religion par rapport à une autre, ce serait renoncer à l'esprit républicain à l'origine de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat ; ce serait faire le choix de cette nouvelle idéologie, qu'on appelle "laïcité positive", et que défendent certains de mes détracteurs. ; ce serait oublier, surtout, que l'expression des convictions religieuses doit rester dans la sphère privée, dans un souci de neutralité confessionnelle de la vie publique.
Il s'agit de ne pas laisser les groupes qui prônent un retrait du monde au bénéfice d'un autre Seigneur que la communauté avoir une influence trop importante sur les citoyens de la République.
En tant que l'Etat ne "reconnaît aucun culte", les goûts confessionnels des uns et des autres doivent être discrets au possible afin de ne pas contrevenir à l'ordre public. C'est pourquoi il serait positif qu'une loi affirme clairement que les objets attachés à un culte précis, tels croix ou images pieuses, soient dissimulés dans les lieux où l'Etat est souverain, et singulièrement à l'école, de sorte que les antagonismes entre les communautés religieuses ne soient pas soulevés, comme c'est trop souvent le cas ces dernières années.

Bien entendu, il ne s'agit pas d'interdire les pratiques religieuses, contrairement à ce qu'affirment plusieurs sites (sites qui refusent en réalité la République), mais de les circonscrire aux lieux de culte et à la sphère privée : cela seul peut permettre un vivre ensemble qui ne soit pas perturbé par la mise en avant permanente des identités confessionnelles, frein à l'unité de la nation, au-delà du passé très chrétien de la France, qui n'est, dans le cadre de la loi de 1905, plus d'actualité.

samedi 6 mars 2010

Bilan de ma participation au débat politique sur le site Agoravox

Pendant quelques mois, j'ai voulu, par l'intermédiaire de cette Tribune, dénoncer les excès commis par des groupes malveillants et inconscients des réalités sociologiques de notre pays.
A l'heure où la laïcité, principe fondamental de la république, semblait remise en cause par l'insistance morbide de certains sur les "racines judéo-chrétiennes" de la France, j'ai montré en quoi cette réalité historique ne devait pas entrer en ligne de compte pour la définition des politiques à venir.
Malgré tout, un certain nombre de sites d'extrême droite, comme "F.desouche", n'ont cessé de s'en prendre à mes écrits. A l'inverse, d'autres sites ont cru bon de voir dans mes articles un éloge des minorités religieuses, comme "L'Islam en France", alors qu'il n'en est rien. Ma seule volonté était de défendre la loi de séparation des Eglises et de l'Etat de 1905, volonté qui fut stigmatisée par le site ultratraditionaliste "Laicitépositive.fr".

De la même manière, à une époque où l'internationalisation des échanges humains et culturels est une réalité positive, j'ai voulu mettre en garde les citoyens contre le discours nationaliste de certains, qui espèrent faire oublier les problèmes sociaux en insistant sur la nation (ce fut à un moment donné le cas du président de la République, pourtant habituellement favorable à un monde cosmopolite, conseillé sans doute par ses mauvais génies, MM. Besson et de Villiers).

Alors que l'essor d'Internet et des nouvelles technologies s'accompagne malheureusement d'une médiocratisation terrifiante des débats, j'ai également été frappé par l'importance des groupes de pression antisionistes, islamophobes, qui déversent leur haine un peu partout, dissimulés sous leur anonymat... Le site "Tout sauf Sarkozy.com" doit absolument être condamné : en plus d'inciter au rejet des populations juives, il reprend les articles de citoyens responsables en les transformant en pamphlets antisionistes (j'en ai moi-même été la victime). Avec ses acolytes de "F.desouche", il représente véritablement la lie d'Internet, la composante extrémiste qu'il faut combattre à tout prix pour éviter qu'un autre cataclysme se produise, après la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale.

jeudi 4 mars 2010

Que faire contre ces sites qui professent l'antisionisme?

Alors que le monde a connu pendant la Deuxième Guerre mondiale le plus effroyable génocide de l’histoire de l’humanité, qui a conduit à l’extermination de 5,1 millions de Juifs, selon l’historien Raoul Hilberg (La Destruction des juifs d’Europe), le réseau Internet regorge de sites, blogs et forums plus ou moins haineux qui continuent à nier la réalité de la "catastrophe".Ces anonymes, qui professent en toute impunité des idées négationnistes, amis de Dieudonné et de Robert Faurisson, critiquent alors à tout-va l’Etat d’Israël, dont la légitimité vient justement de la puissance de l’antisémitisme européen qui sévit encore aujourd’hui, fruit du programme démagogique d’une certaine gauche anticapitaliste inspirée des déclarations indignes de M. Jean Jaurès, qui voulait, à son retour d’Algérie en 1895, que "les Algériens abattent ces politiques funestes qui, avec l’appui de la juiverie, suppriment ici toute équité"...
Certes, il est possible de remettre en cause la politique oppressive israélienne, spécialement celle du premier ministre nationaliste Benyamin Netanyahou, en poste depuis le 1er avril 2009. Mais comment comprendre que la politique israélienne devienne le centre de toutes les préoccupations d’un certain nombre d’individus, à tel point que tous les problèmes internationaux s’expliquent pour eux par la simple existence de l’Etat du peuple juif ?
Et d’ailleurs, peut-on même tolérer qu’on soit encore antisioniste plus de soixante ans après la création d’Israël ? Tout cela est grotesque et dramatique. Mais ce qui rend la situation plus ennuyeuse encore, c’est l’importance de ces sites qui, en louant les travaux des négationnistes et en mettant sans cesse l’accent sur l’"illégitimité" d’Israël, montrent bien que l’antisionisme n’est rien d’autre qu’une marque de fabrique populiste et démagogique, comme le montre bien Taguieff dans La judéophobie des Modernes.
De toute évidence, les travaux de cet historien ne sont pas lus par les responsables du site "L’Islam en France", qui diffuse sur toutes ses pages des publicités encourageant au boycott d’Israël et présentant le sionisme comme une politique criminelle, sans trop insister sur les souffrances de la population juive. Cela est tout à fait regrettable car un rapprochement entre Israéliens et Palestiniens ne peut être trouvé que dans un consensus qui implique le respect et la compréhension réciproques.
Un autre excès est atteint par le site d’extrême-droite antisioniste "Tout sauf Sarkozy", qui s’est permis de citer un de mes articles louant la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 (en plein débat sur l’identité nationale), en le transformant en un immonde papier, ajoutant ici et là des touches antisémites qui ne sont pas de moi et que je récuse totalement ! J’ai d’ailleurs tenté de faire retirer cet article calomnieux, en vain.Et je ne suis visiblement pas le seul à voir mes articles humanistes pervertis sans mon autorisation par les responsables de ce site aux méthodes de voyou, dont l’origine a été clairement établie par Jean-Yves Camus dans un article publié sur Libération.fr. En prétendant que le président de la République, Nicolas Sarkozy représente, avec l’Etat d’Israël, "l’axe de la haine", ce site (qui serait dirigé par Michel Schneider), n’hésite pas à citer Dieudonné et d’autres histrions à des fins malveillantes et particulièrement dangereuses.
A l’heure où la seule solution au Proche-Orient est la coexistence de deux Etats, ce que des individus sensés ne cessent de défendre avec force à l’instar de Barack Obama, le regain d’antisionisme en France ne laisse pas de nous inquiéter, surtout quand ses défenseurs usent des méthodes que nous avons dénoncées plus haut. Cachés derrière l’anonymat des lâches, ils semblent au-dessus des lois et au-’dessous de toute réflexion sérieuse. C’est là le passage, symptomatique de la psychologie ultra-contemporaine, de l’ère des masses -qui a vu son apogée dans les années 1930 et 1940, à l’ère des "individus-masse" (cf notre dernier article) -qui voit son apogée aujourd’hui et sans doute pour une ou plusieurs décennies. C’est contre cette médiocratisation des débats que nous nous battons maintenant, en revenant sur notre décision de ne plus publier d’articles sur Agoravox.

mercredi 24 février 2010

Fermeture du site

Pendant quelques mois, j'ai voulu croire que la démocratie pouvait être améliorée grâce au média Internet. Toutefois, la publication d'une trentaine d'articles sur le "média citoyen" Agoravox m'a suffi pour voir qu'il n'en était rien. Parce que la domination d'Internet entraîne une médiocratisation considérable du débat politique, je ferme définitivement cette Tribune, et je laisse Internet aux extrémistes de la pensée, ceux-là même qui ont si souvent critiqué sans arguments mes réflexions humanistes et socialistes.
S'il y a bien un problème qu'Internet ne peut régler, c'est précisément celui de son existence.
Puisse ce dernier article, le seul que je laisse aux regards des internautes, le seul qui compte dans ma dénonciation du "déclin de la civilisation", inciter hommes et femmes amis du véritable progrès à suivre mon chemin.
Au revoir.

Internet et le déclin de la civilisation


Sur l’importance des groupes de pression aux fins obscurantistes sur Internet

Depuis quelques mois, les articles que j’écris pour le média citoyen Agoravox sont systématiquement dénigrés par une horde d’extrémistes et de réactionnaires de tout poil, qui n’hésitent pas à les reproduire sans mon autorisation sur des blogs ou des forums avec lesquels je n’ai aucun contact, et avec lesquels je ne désire avoir aucun contact. Ils détournent alors mes propos de leur sens, de telle sorte qu’ils me font apparaître soit comme un droit-de-l’hommiste, soit comme un bien-pensant, soit comme un défenseur des minorités religieuses, ce qu’assurément je ne suis pas. De fait, j’ai à leurs yeux deux défauts : ma condition de jeune intellectuel et mes convictions républicaines.

Là où j’ai voulu porter à travers ma Tribune un message humaniste, multiculturaliste et progressiste, on m’a opposé une fin de non-recevoir ; on m’a appelé stalinien, immigrationniste, anarchiste, quand j’écrivais des articles athées, antiracistes et socialistes.
Là où j’ai voulu rencontrer les aspirations du peuple et les porter sur le devant de la scène, dénoncer les inégalités sociales et l’anéantissement de toutes les formes de la culture dues à l’américanisation accélérée de notre société, je me suis heurté à trois groupes de pression tout-puissants sur internet : le lobby antisioniste, le lobby islamophobe et le lobby obscurantiste (qu’il soit clérical ou islamiste, réactionnaire ou fascisant).

Ainsi, le responsable anonyme de "Chute finale", un des sites qui a critiqué mes articles, en faisant en réalité involontairement mon éloge par un rapprochement de mes réflexions avec celles des penseurs Grecs ("En se croyant novateur et révolutionnaire, Florentin Gastard ne fait que recycler les poncifs datant de milliers d’années. Même certains philosophes antiques avaient déjà les idées qu’il nous impose aujourd’hui") n’hésite pas à affirmer des conceptions franchement racistes, au XXIème siècle, en écrivant ceci :

"Pour une femme Blanche, se métisser avec un Arabe ou un Noir signifie des chances accrues pour l’enfant à naître d’avoir un QI moins élevé, des risques plus élevés de cancer, et une instabilité psychologique grave. Entre autres.
Nous devons en finir définitivement avec l’apologie du métissage. Il faut lui rentrer dedans, la ridiculiser, répondre à la pseudo-science par la science".

A l’opposé, d’autres sites louangeaient mes articles, mais pour de mauvaises raisons. Ainsi, le site "L’Islam en France" croyait voir en moi le protecteur de la religion musulmane (et allait jusqu’à sélectionner les morceaux de mes articles qui l’arrangeaient en faisant disparaître du même coup la véritable teneur de mes propos...) alors que je ne faisais que défendre la loi de 1905, qui assure aux individus le droit de pratiquer la religion qui leur convient dans la sphère privée.

J'ai d’abord voulu combattre sur le terrain des idées des adversaires coriaces, non par tant par leur discours -qu’il est facile de démonter- mais surtout par l’ampleur de leur ascendant sur les individus les plus influençables du pays, rassurés par le confort d’un système de pensée cohérent et fermé à la discussion, aussi absurde soit-il. Je n’ai cessé de décrédibiliser les arguments fallacieux de ces trois forces, en particulier à travers mes articles contre l’extrême droite : rien n’y a fait.
ll faut dire que je ne m’adressais pas à des citoyens mais à des pseudonymes ; mes paroles ne trouvaient en face d’elles que des phrases indifférenciées, émanant d’hommes, de femmes, d’enfants -que sais-je ?-, car des enfants aussi se laissent aller à de telles extrémités. J'étais le seul à défendre mes idées sous mon vrai nom, car j’ai l’intime conviction que tel doit être le comportement d’un être responsable.

Sur l’incongruité qu’il y a à penser qu’Internet est au service de l’intelligence

Mais, me direz-vous, comment ai-je pu croire que la démocratie, la vraie démocratie, - et non pas ce défouloir des instincts bestiaux et de la bêtise humaine, cette foire cathartique où l’on injurie à tout-va et en toute impunité - pouvait triompher grâce à cette invention dont on fait tant de cas, Internet ?
En réalité, je ne l’ai jamais cru : j’ai simplement voulu faire prendre conscience à mes lecteurs de l'impasse du modèle actuel de civilisation, tout en ayant conscience que le sens de l’Histoire, que nous imposent aujourd’hui les capitalistes américains, les technocrates européens et les informaticiens japonais, allait à l’encontre de la voix humaniste qui était la mienne. Devant le spectacle désastreux de l’aliénation des hommes, à l’époque de la "mondialisation malheureuse", j’ai voulu faire en sorte que l’"Homo economicus" redevienne un être humain à part entière : on ne m’a pas écouté.
Alors qui prétendrait aujourd’hui qu’Internet, fruit des projets dévastateurs des élites du monde occidental (et singulièrement du monde américain), sert les intérêts du peuple ? C’est bien le contraire qui se produit. Loin de promouvoir le rassemblement des citoyens, il les isole derrière des "écrans" (dont il faut se souvenir qu’ils sont étymologiquement des "grilles") ; s’il empêche heureusement les masses pleines d’ardeur de s’unir et de tout détruire, emportées par le flot de leurs instincts carnassiers, comme ce fut le cas dans les années 30, il fait des hommes des "individus-masse" (je suis l’auteur de ce néologisme), de vulgaires objets guidés, et même téléguidés par un pouvoir technique abêtissant dont on ne soupçonne pas encore la puissance.
Je dirai donc, comme l’écrivait Flaubert à Mademoiselle Leroyer de Chantepie le 16 janvier 1866, que "l’instruction du peuple et la moralité des classes pauvres sont des choses de l’avenir. Mais quant à l’intelligence des masses, voilà ce que je nie, quoi qu’il puisse advenir, parce qu’elles seront toujours des masses". C'est cette réalité dramatique, l'être-masse des hommes du XXIème siècle, que nous dénoncons dans cet article.

Sur la difficulté à concevoir l’essence d’Internet

L’erreur première que commettent tant d’admirateurs de cette nouvelle divinité -soit dit en passant, la plus oppressive et despotique qui ait jamais existé - est de croire en son innocence originelle, alors qu’elle ne fait qu’accompagner le déclin du lien social, le désintérêt pour la chose politique et le mépris de la culture proprement dite : en deux mots, la déshumanisation progressive des hommes.
La raison pour laquelle si peu d’internautes sont sensibles à cette réalité tient essentiellement à ceci : la succession - ou la juxtaposition - extraordinairement rapide des textes, des "scoops", des images, des sons, des vidéos, des idées, etc. Ce flux intense de stimuli divers et variés qui ne cesse jamais capte l’attention des individus en les arrachant véritablement à leur raison.
Au-delà de l’existence de ces informations qui volent en tous sens au gré du bon vouloir des serveurs et des "double-clic", il est presque impossible de réfléchir sur le sens d’Internet, tant il est incrusté dans la vie de l’"homme occidental", à tel point que certains entrent littéralement à l’intérieur de cette technologie pour y mener une autre existence (on pensera à "Second Life", cette fameuse trouvaille made in America, ou au film "Avatar", succès du "box-office", où l’idée d’une vie virtuelle ne choque même plus...).
L’essence d’Internet reste cachée derrière sa façon de requérir les esprits : Heidegger ne disait pas autre chose de la technique moderne dans La Question de la Technique : "Quand nous considérons la technique comme quelque chose de neutre, c’est alors que nous lui sommes livrés de la pire façon : car cette conception, qui aujourd’hui d’une faveur toute particulière, nous rend complètement en face de l’essence de la technique (...). L’essence se retire dans la mesure même où elle se dévoile pour faire place à l’étant".

Pourquoi la seule manière de faire renaître l’intérêt pour la politique passe par l’abandon d’Internet

Aujourd’hui, tout passe par Internet, et c’est pourquoi nous parlons de déclin de la civilisation. J’ai moi-même pendant un temps voulu faire l'expérience de ce média (à travers mes articles sur Agoravox) et j’ai vu l’ampleur de la catastrophe qui se prépare pour les générations à venir.
Je n’écrirai plus d’articles sur Internet, et je n’aurai de cesse de défendre la presse généraliste, qu’avale petit à petit ce monstre dont j’ai tenté de décrire le mode de fonctionnement. En prétendant favoriser la démocratie par la liberté d’expression (il faudrait plutôt parler dans ce cas de "libéralisation de l'expression") qu’il accorde à chacun, il a contribué à déconstruire le débat politique, de telle façon qu’un jeune citoyen ne voit plus guère de différences entre droite et gauche. Pétitions mises en ligne dans l’urgence, "lipdubs" débilitants, révélations nauséabondes, "off", "buzz" divers, blogs et forums démagogiques sont en 2010 la seule substance du débat politique en France et dans le monde occidental.
C’est ainsi que l’anarchie la plus complète et la guerre de chacun contre chacun sont aujourd’hui le lot de siècles et de siècles de civilisation, et cela du fait de l’invention qu’on disait la plus prodigieuse peut-être de tous les temps...
Cette Tribune s'achève aujourd'hui. L’exemple de mon itinéraire, fait d’oppositions à l’extrémisme politique et religieux, montrera, je l’espère, qu’Internet - et toutes ses implications idéologiques - n’est pas une fatalité pour l’Humanité.